Études sur les glaciers/Explication des planches

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Gent & Gassman (p. 331-341).

EXPLICATION DES PLANCHES.


L’Atlas qui accompagne cet ouvrage est composé de 32 planches ; les 18 planches lithographiées représentent les glaciers dans leurs différentes positions et à différens niveaux, avec les formes particulières qu’ils affectent et les phénomènes divers auxquels ils donnent lieu dans les Alpes de la Suisse. Pour faciliter l’intelligence de ces différens phénomènes, et afin de faire ressortir leurs rapports avec les localités environnantes, j’ai ajouté à chacune des 14 premières planches, une planche au trait, où se trouvent indiqués les principaux caractères du glacier figuré, avec les noms des cimes adjacentes. Les quatre dernières planches représentent des phénomènes locaux relatifs à l’action des glaciers sur le sol ; il m’a semblé inutile de les accompagner d’une planche explicative.

pl. 1 et 2. Panorama des glaciers du Mont-Rose.

1a.
Figure 1a : Panorama des glaciers du Mont-Rose, partie orientale de la chaîne (dessin au trait)
1.
Figure 1 : Panorama des glaciers du Mont-Rose, partie orientale de la chaîne
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Ces deux planches réunies représentent une partie de la grande chaîne du Mont-Rose avec les glaciers qui en descendent, tels qu’on les voit depuis le sommet du Riffel au-dessus de Zermatt, dans la vallée de Saint-Nicolas. Quoique j’aie déjà appelé l’attention sur les cimes et les glaciers de ce panorama, je crois cependant devoir en analyser ici tous les détails, en me rapportant, pour les généralités, à ce qui a été dit plus haut, page 26 et suivantes. Le premier massif, sur la gauche de pl. 1, est le Gornerhorn, dont M. Zumstein fit plusieurs fois l’ascension ; son sommet présente plusieurs cimes ; celle que j’ai marquée d’un b dans la planche au trait, et que M. Welden appelle la cime de Zumstein, a 14 060 pieds d’élévation. La cime a, qui ne put être escaladée, est la plus élevée de toute la chaîne ; elle est, suivant M. Zumstein, à environ 270 pieds plus haut que la précédente. La cime c me paraît correspondre à la cime de Vincent, de Welden. À gauche du massif du Gornerhorn, est un grand plateau de glace, la Porte-Blanche, qui vient se décharger dans la vallée de Zermatt, sous la forme de deux glaciers séparés par une moraine, et que j’appelle, l’un, le glacier de la Porte-Blanche, l’autre, le petit glacier du Gornerhorn. Le grand glacier du Gornerhorn descend du sommet même de ce massif ; en affluant dans la vallée, il est refoulé obliquement par les grands glaciers qui viennent de plus loin, et donne ainsi lieu à la première moraine oblique.

Le second massif de pl. 1 est le Mont-Rose proprement dit, que M. Welden appelle le dôme du Signal (Signalkuppe) ; il est séparé du Gornerhorn par deux glaciers que j’appelle, l’un, le petit glacier, et l’autre le grand glacier du Mont-Rose, qui sont séparés par une moraine, la petite moraine du Mont-Rose. Entre elle et la moraine du Gornerhorn, on remarque une seconde moraine oblique. La cime que l’on aperçoit dans le lointain, entre le Mont-Rose et le Gornerhorn, et qui est marquée d’un * sur la planche au trait, me paraît être la cime de Parrot, de Welden.

2a.
Figure 2a : Panorama des glaciers du Mont-Rose, partie occidentale de la chaîne (dessin au trait).
2.
Figure 2 : Panorama des glaciers du Mont-Rose, partie occidentale de la chaîne.
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Le troisième massif à l’angle droit de pl. 1 est le Lyskamm ; de ses flancs descend un immense glacier que j’appelle le glacier du Lyskamm, et qu’il ne faut pas confondre avec le glacier de Lys, qui débouche du côté de l’Italie. Le grand massif que l’on voit sur la gauche de pl. 2 est le Breithorn ; son sommet présente une grande arête qui s’incline insensiblement à l’ouest. Un vaste glacier, d’une blancheur extrême, enclavé entre deux arêtes saillantes, descend de son sommet ; c’est le grand glacier du Breithorn. Deux autres glaciers, les premier et second petits glaciers du Breithorn, descendent sur son flanc occidental. À droite du Breithorn est un pic moins élevé et dégagé de neige pendant une grande partie de l’été ; c’est le Petit-Cervin. De Saussure, qui en fit l’ascension, l’appelle la Corne-Brune, pour la distinguer du Breithorn, qui est toujours couvert de neige ; il en mesura la hauteur qu’il trouva être de 2 002 toises. Un petit glacier que j’appelle le glacier du Petit-Cervin, se rattache à cette cime, mais il conflue bientôt avec le glacier de la Furkeflue, dont il n’est séparé que par une moraine médiane. La dernière éminence que l’on remarque sur la droite de pl. 2 est la Furkeflue, derrière laquelle s’étend le glacier de Saint-Théodule, qui sert de communication entre le Valais et l’Italie. Ce glacier communique avec le glacier de la Furkeflue, par une échancrure de l’arête d’Auf-Platten. Enfin le grand mur noir qui forme l’angle au bas de la pl. 2 est l’un des flancs du Riffelhorn, au pied duquel est pris le panorama de ces deux planches.

pl. 3. Glacier de zermatt, partie supérieure prise au-dessous du Riffelhorn.

3a.
Figure 3a : Glacier de Zermatt, partie supérieure, prise au-dessous du Riffelhorn (dessin au trait)

3.
Figure 3 : Glacier de Zermatt, partie supérieure, prise au-dessous du Riffelhorn
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Cette planche représente le glacier de Zermatt, à l’endroit où, après avoir reçu les affluens du Breithorn, du Petit-Cervin et de la Furkeflue, il se resserre entre les parois des massifs du Riffel et d’Auf-Platten. Comme la pente est ici assez roide, les crevasses sont plus béantes que plus haut, les moraines commencent en même temps à se confondre, ainsi que cela est indiqué sur la planche au trait.

pl. 4. Glacier de Zermatt, partie moyenne.

4a.
Figure 4a : Glacier de Zermatt, partie moyenne (dessin au trait)

4.
Figure 4 : Glacier de Zermatt, partie moyenne
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Cette vue du glacier est prise du massif d’Auf-Platten, sur la rive gauche du glacier, de manière que nous avons en face le plateau du Riffel avec le Riffelhorn. La pente du glacier est très-forte en cet endroit ; aussi les crevasses y sont-elles très-nombreuses et très-larges ; les moraines se confondent de plus en plus, et ne forment plus que quelques larges bandes. Le torrent que l’on aperçoit à droite vient du glacier de Saint-Théodule, dont l’issue est derrière le massif d’Auf-Platten ; la surface même du massif d’Auf-Platten est polie jusqu’à une grande hauteur, ce qui prouve que le glacier a jadis occupé ce sol.

pl. 5. Glacier de Zermatt, partie inférieure vue de côté, au dernier contour du glacier.

5a.
Figure 5a : Glacier de Zermatt, partie inférieure, vue de côté, au dernier contour du glacier (dessin au trait)

5.
Figure 5 : Glacier de Zermatt, partie inférieure, vue de côté, au dernier contour du glacier
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Nous voyons ici l’un des phénomènes les plus curieux des glaciers, la manière dont les crevasses changent de direction lorsque le glacier fait un contour ; elles se replient sur elles-mêmes, et de transversales qu’elles étaient elles deviennent longitudinales. Cette vue est également prise d’Auf-Platten, mais à un niveau plus bas que la précédente. Les diverses moraines confondues dans ce point ne sont plus reconnaissables qu’à leur couleur provenant de la nature particulière des diverses roches.

pl. 6. Glacier de Zermatt, extrémité inférieure.

6a.
Figure 6a : Glacier de Zermatt, extrémité inférieure (dessin au trait)

6.
Figure 6 : Glacier de Zermatt, extrémité inférieure
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Cette planche représente l’issue du glacier avec la voûte par laquelle s’échappe la Viège. Dans le lointain on aperçoit les aiguilles qui correspondent à la partie la plus escarpée du glacier. Une petite voûte latérale se voit au-dessous de ces aiguilles ; il s’en échappe un petit filet d’eau qui bientôt va se perdre sous le glacier. Le rocher qui forme la rive droite du glacier est nu, arrondi et poli par l’effet des glaces. Les moraines, par l’effet de leur tendance à regagner les bords, ont disparu de la surface du glacier, où l’on n’en rencontre plus que quelques lambeaux. Les moraines latérales, en revanche, sont très-puissantes.

pl. 7. Glacier de Zermatt, flanc de l’extrémité inférieure.

7a.
Figure 7a : Glacier de Zermatt, flanc de l’extrémité inférieure (dessin au trait)
7.
Figure 7 : Glacier de Zermatt, flanc de l’extrémité inférieure
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Le glacier est ici vu de très-près, afin de donner une idée de l’apparence raboteuse de la glace exposée aux influences atmosphériques. La stratification y est également très-distincte. Comme la glace se détache ici du rocher, je pus pénétrer sous sa masse, et j’y vis distinctement la manière dont s’opère le poli par l’effet du mouvement de la glace qui, en se dilatant, agit comme une râpe sur le rocher, en même temps que le gravier qui adhère à sa surface inférieure y détermine les stries. Dans le haut de la planche, à gauche, on aperçoit les mêmes aiguilles de glace qui sont aussi représentées sur la pl. 6.

pl. 8. Roches polies du glacier de Zermatt.

8a.
Figure 8a : Roches polies des bords du glacier de Zermatt (dessin au trait)

8.
Figure 8 : Roches polies des bords du glacier de Zermatt
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Nous avons ici un exemple frappant de ces dômes de forme arrondie et ventrue que de Saussure désigne sous le nom de roches moutonnées. Or, comme ces roches sont sur le bord même du glacier, on ne saurait douter qu’elles ne doivent leur forme particulière à l’action de la glace ; elles sont d’ailleurs polies et striées absolument comme sous la glace elle-même. Cette vue est prise du massif d’Auf-Platten, entre les points de vue de pl. 4 et 5, dans un endroit où le glacier est très-incliné et très-crevassé, et où par conséquent les moraines sont déjà confondues.

pl. 9. Glacier de Viesch, moraine terminale.

9a.
Figure 9a : Glacier de Fiesch, moraine terminale (dessin au trait)
9.
Figure 9 : Glacier de Fiesch, moraine terminale
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Cette planche est destinée à donner une idée exacte de la moraine terminale et de la manière dont elle ceint l’extrémité du glacier. Le torrent s’est creusé une issue à travers ce rempart qui, malgré sa hauteur, n’est pas assez résistant pour empêcher l’eau de s’écouler. Sur les bords du glacier, la moraine terminale est liée sans interruption à la moraine latérale qui en forme la continuation directe aussi long-temps que le glacier est stationnaire ou qu’il avance. Au-dessous de la moraine, le rocher est généralement poli et strié ; preuve que le glacier s’est autrefois étendu plus loin qu’à présent. À côté des dômes arrondis dont le poli et les stries résultent du mouvement des glaces, nous voyons aussi, sur les bords mêmes du torrent, des traces distinctes d’érosions produites par les eaux ; on les reconnaît facilement à leur forme irrégulière : le rocher est irrégulièrement excavé et a l’air d’avoir été usé à coups de gouge. Cette localité est d’autant plus remarquable, que l’on peut y comparer directement l’action de l’eau et celle de la glace sur les rochers.

pl. 10. Glacier de Viesch.

10a.
Figure 10a : Glacier de Fiesch (dessin au trait)
10.
Figure 10 : Glacier de Fiesch
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Ce glacier est encaissé dans toute sa longueur entre des parois très-abruptes et très-serrées. Il présente un cours très-sinueux, et comme ses moraines sont abondantes, on les voit de fort loin comme une ligne ondulée à la surface de la glace. Cette disposition onduleuse tend à disloquer les moraines, et surtout les moraines médianes, et l’on voit ordinairement s’en détacher des traînées plus ou moins considérables à chaque contour. La longueur de ce glacier est très considérable, on le poursuit des yeux jusqu’au pied du versant méridional des cimes de la chaîne bernoise. La vue qui est ici représentée est prise à quelque distance de l’extrémité du glacier, sur les bords du torrent qui s’échappe du lac d’Aletsch pour se jeter dans le glacier de Viesch.

pl. 11. Glacier de Finelen.

11a.
Figure 11a : Glacier de Findelen (dessin au trait)

11.
Figure 11 : Glacier de Findelen
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Ce glacier est situé dans la vallée de Saint-Nicolas, au-dessus de Zermatt ; il se rattache, comme le glacier de Zermatt, au grand plateau déglace qui entoure le Mont-Rose ; mais au lieu de descendre à l’ouest du Riffel, il en forme la bordure à l’est, de manière que le plateau du Riffel se trouve enfermé comme une île entre ces deux glaciers. Le glacier de Finelen est un glacier simple, c’est-à-dire qu’il n’est pas formé de la réunion de plusieurs affluens, comme celui de Zermatt. Aussi ne voit-on point de moraines médianes à sa surface. Sur la droite, on aperçoit, dans le lointain, la Porte-Blanche, qui mène de Zermatt à Macugnana.

pl. 12. Glacier et lac d’Aletsch.

12a.
Figure 12a : Glacier et lac d’Aletsch (dessin au trait)
12.
Figure 12 : Glacier et lac d’Aletsch
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Le phénomène qui est ici représenté est l’un des plus curieux que présentent les glaciers. Le glacier d’Aletsch, l’un des plus grands de la Suisse, descend des cimes des Alpes bernoises vers le Valais, où il va déboucher au-dessus du village de Mœrel. Sa direction générale est du nord au midi ; mais près de son extrémité, il rencontre l’arête du Bedmerhorn, qui le force à dévier à l’ouest. À l’endroit où s’opère ce contour, se trouve une échancrure dans laquelle est situé le lac d’Aletsch. Ce lac était autrefois plus étendu qu’il ne l’est maintenant ; et lorsque la fonte des neiges et des glaces était très-forte, il arrivait souvent que toute cette masse d’eau se frayait avec violence une issue sous le glacier, et causait de grands ravages dans le fond de la vallée. Pour obvier à cet inconvénient, l’on a creusé, dans la direction du glacier de Viesch, un écoulement artificiel à ce lac, qui ne peut plus maintenant dépasser un certain niveau. La glace ne repose pas immédiatement sur l’eau ; il y a, au contraire, entre le fond du glacier et la surface de l’eau un espace de plusieurs pouces, occasionné par la température du lac qui est constamment au-dessus de zéro pendant l’été. À raison de ce vide, il se détache souvent d’énormes blocs du glacier, qui flottent à la surface du lac et imitent parfaitement les glaces flottantes des régions boréales.

pl. 13, fig. 1. Stratification du glacier de Saint-Théodule.

13a.
Figure 13a numéro 1 : Stratification du glacier de Saint-Théodule (dessin au trait)

13.
Figure 13 numéro 1 : Stratification du glacier de Saint-Théodule
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Cette planche nous donne une idée de l’aspect que présente la glace stratifiée. Cette stratification est surtout distincte sur les parois verticales dont il vient de se détacher des éboulemens de glace. Les rochers qui sont au bas de cette figure sont polis et striés.

pl. 13, fig. 2. Vieille neige fissurée avec des taches de neige fraîche.

13a.
Figure 13a numéro 2 : Vieille neige fissurée, avec des taches de neige fraîche (dessin au trait)

13.
Figure 13 numéro 2 : Vieille neige fissurée, avec des taches de neige fraîche
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Ce phénomène se rencontre assez fréquemment en été, et lorsque la neige fraîche n’est pas encore complètement fondue ; elle se présente comme de larges bandes d’une blancheur éclatante au milieu de la surface plus ou moins sale du glacier.

pl. 14. Glacier inférieur de l’Aar, partie supérieure, avec la cabane de M. Hugi.

14a.
Figure 14a : Glacier de l’Aar, partie supérieure avec la cabane de monsieur Hugi (dessin au trait)
14.
Figure 14 : Glacier de l’Aar, partie supérieure avec la cabane de monsieur Hugi
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

On voit ici la réunion de deux grands glaciers du Lauteraar et du Finsteraar, qui confluent pour former le glacier inférieur de l’Aar. La moraine médiane, qui résulte de leur jonction, s’élève comme une immense arête du milieu de ces deux glaciers. La cabane qui est ici figurée fut construite dans l’origine, par M. Hugi, au pied du rocher Im Abschwung, qui forme le mur de séparation entre les deux glaciers ; maintenant elle est éloignée de 4 600 pieds ; elle a été entraînée à cette distance par le mouvement continuel du glacier dans le sens de sa pente. Le grand bloc que l’on voit près de la cabane est de granit ; on le distingue de fort loin à sa couleur blanchâtre, tandis que le reste de la moraine, composé en grande partie de schistes micacés et chlorités, présente une teinte brunâtre. On voit en outre sur cette planche quelques exemples de petites moraines médianes, de moraines obliques et de tables. La table qui est la plus rapprochée de la grande moraine médiane repose sur un piédestal de 4 à 5 pieds de haut. Le massif d’Abschwung, qui paraît ici revêtu de neige, ne l’est pas habituellement pendant l’été. Sa hauteur est de près de 8 000 pieds. À droite de ce massif s’élèvent les nombreuses cimes des Schreckhörner, et, à gauche, la grande arête du Finsteraarhorn.

pl. 15. Dômes arrondis, polis et striés, au-dessus de la Handeck.

15.
Figure 15 : Dôme arrondis, polis et striés, au-dessus de la Handeck
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Ces rochers, en forme de dômes, sont usés et polis absolument de la même manière que ceux qu’on voit sur le bord du glacier de Zermatt (voy. pl. 8) ; et cependant actuellement il n’y a point de glacier dans cette localité ; d’où il faut conclure que les glaciers ont eu autrefois une plus grande extension que de nos jours.

pl. 16. Hälle-Platte à la Handeck.

16.
Figure 16 : Hällen-Platte à la Handeck
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Cette localité, située à une petite demi-lieue au-dessus de la Handeck, est remarquable en ce que le rocher y est poli comme le plus beau marbre sur une surface très-étendue.

pl. 17. Roches polies du Landeron.

17.
Figure 17 : Roches polies du Landeron
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

La localité où l’on voit ces roches polies est située sur le flanc méridional du Jura, à trois lieues de Neuchâtel et à une distance de plus de vingt lieues des glaciers les plus rapprochés. La surface entière du Jura, du côté des Alpes, est ainsi plus ou moins usée et polie. Les stries, qui y sont également très-distinctes, sont à-peu-près perpendiculaires à la pente de la montagne ; de manière qu’il est impossible qu’elles aient été produites autrement que par un mouvement lent de la glace dans le sens de la direction du Jura.

pl. 18. Fragmens de roches polies.

18.
Figure 18 : Fragments de roches polies du Zermatt, du Rosenlaui et du Landeron, en grandeur naturelle
Lith. de Nicolet à Neuchâtel (Suisse.) Dess. d’après nature et Lith. par Bettannier.

Quoique les fragmens qui sont ici figurés proviennent de localités très-diverses, cependant leur poli est de même nature et présente les mêmes stries qui servent à distinguer les effets de la glace de l’action qui est produite sur les rochers par les érosions. Le fragment de fig. 1 est de la serpentine schisteuse à gros grains. Je l’ai détaché à grande peine sous le flanc droit du glacier de Zermatt, à l’endroit qui est représente pl. 7. Le fragment de fig. 2 est de la serpentine schisteuse à pâte très-fine ; c’est ce qui fait que les stries y sont si distinctes. Ces stries ne sont pas aussi parallèles que sur le fragment de fig. 1 ; on y remarque même des intersections très-nombreuses, qui indiquent des variations notables dans l’état de l’ancien glacier qui les a produites. J’ai détaché ce fragment au sommet du Riffel, à plus de 600 pieds au-dessus du niveau actuel du glacier de Zermatt, qui est au pied de ce massif. Les fragmens de fig. 3 et 4 sont du lias. Je les ai détachés sous le glacier de Rosenlaui ; on y remarque, à côté des stries, de ces raies blanches que nous avons mentionnées pag. 195, et qui proviennent des grains de gravier qui, pressés sur ce calcaire, l’ont en quelque sorte broyé au lieu de le strier. Enfin le fragment de fig. 5 est du calcaire jurassique supérieur (portlandien) provenant du Landeron, près de Neuchâtel. Le poli en est si parfait qu’on y distingue très-bien la coupe des fossiles qui sont empâtés dans cette roche. Le fragment figuré contient entre autres une coupe de nérinée (Nerinea suprajurensis) très-distincte. Les stries y sont des plus nettes.