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analyse de l’hypothèse de laplace

ou sans passer par cette phase, la formation d’un satellite aurait toujours pu en résulter par un mécanisme identique.

51.Cas de la Lune. — Roche estime que la Lune se présente, à divers points de vue, comme un satellite exceptionnel.

« Elle se distingue, dit-il, par la grandeur de ses dimensions et de sa masse comparées à celles de la Terre, par l’excentricité de son orbite, surtout par sa distance à la Terre. Saturne et peut-être Uranus en ont un aussi éloigné comparativement au rayon de la planète, mais c’est alors le dernier d’une série de satellites. Ici le satellite est unique. » (Essai sur la constitution et l’origine du système solaire, n° 52.)

Ces raisons lui font attribuer à la Lune une origine spéciale :

« Il a pu arriver aussi exceptionnellement, et telle est l’origine probable de la Lune, qu’un amas de vapeurs déjà refroidies s’étant formé au dedans de la nébuleuse terrestre, dans la région équatoriale et à une certaine profondeur, cet amas soit devenu un centre de condensation autour duquel se sont groupés d’autres amas semblables. De cette agglomération est résultée, dans l’atmosphère même de la Terre, une nouvelle nébuleuse, origine de la Lune. » (loc. cit., n° 58.)

Le système Terre-Lune serait donc, comparable, dans cette manière de voir, à une sorte de planète double. Nous sommes donc très loin des idées de Laplace.

52.Anneau de Saturne. — Pourquoi le dernier anneau équatorial abandonné par la nébuleuse de Saturne est-il resté sous forme d’anneau et n’a-t-il pas donné un satellite ? C’est, d’après Roche, parce qu’à une aussi faible distance de la planète, une masse fluide ellipsoïdale n’aurait pas pu être en équilibre. Rappelons-nous en effet ce que nous avons dit relativement à une masse fluide homogène, soumise à l’attraction d’un astre central éloigné (ici Saturne) et animée d’une rotation uniforme d’une durée égale à celle de sa révolution. Lorsque la masse fluide est très petite par rapport à celle de l’astre central (cas de ), nous avons vu (n° 48) qu’il faut avoir