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ADRESSE

D’UN CITOYEN DE PARIS,
AU ROI DES FRANÇAIS.


Sire,

Quoique ce ne soit qu’un seul homme qui vous écrive, regardez les sentimens qu’il vous peint comme le vœu de tous les Français. Ceux qui vous aiment, ceux qui vous respectent vous parleront tous le même langage ; méfiez-vous des autres, ils vous trompent, et s’ils vous trompent, ils veulent vous perdre.

Que venez-vous de faire, Sire ? Quelle action avez-vous commise ? A quel point vous êtes-vous permis d’induire un peuple entier dans la plus affreuse erreur.

Jusqu’à présent, & depuis les commencemens de la Monarchie, l’opinion chérie de ce peuple étoit que si la bonne-foi, si la loyauté, si l’honneur s’exilaient de dessus la terre, c’étoit dans le cœur des Rois que leur Temple devoit se retrouver ; cette illusion n’est plus possible, vous la détruisez, Sire, et d’une manière bien cruelle sans doute. Regardez ce que vous mettez dans l’esprit des Français à la place de cette idée si glorieuse pour vous. Prononcez vous-même sur ce que vous voulez que nous pensions d’un homme qui nous a trahi, qui n’a craint de profaner ni le Trône où il étoit aſſis le jour du Pacte-Fédératif, ni l’Autel en face duquel il prononça le serment sacré qui le liait à sa Nation, au même instant où cette Nation se liait à lui,

A